Je n'avais même pas eu le temps de mettre ma capuche. Me voilà déjà trempé... Avec un nom pareil, on pourrait pensé que j'aime la pluie. C'est faux. J'aime la regarder danser sur le verre de mes fenêtres, l'entendre clapoter sur la gouttière. Ça s’arrête là. Enfin, de toute façon fallait bien que je rentre chez moi alors pluie ou pas...
C'est dommage, oui, vraiment dommage parce qu'elle était vraiment bien foutue celle-ci. Mais tellement chiante à me dégueuler sa diarrhée verbale en pleine gueule, - "Et ma mère trompe mon père et je suis triste et mon chat est mort et Mike a posté une nouvelle photo sur facebook" - rien à foutre. Non mais vraiment, rien à carré de ses histoires merdiques. J'ai dût couper court assez vite. Hmm mais quand même, quelle paire de... Rha tant pis. Me voilà sous la pluie, à marcher, à caler mes pas sur le rythme des dalles, sur le rythme des lampadaires, à celui des goutes. Je marche seul, encore, encore et toujours. Je pourrais dire que la lune est presque pleine et que le ciel est bla bla bla. C'est pas mon genre. Je suis du genre à apprécier une belle nuit certes, mais seul. La partager avec vous n'est pas dans mon intérêt. Dans le votre non plus me semble-t-il.
J'enlève toujours mes chaussures dans l'entrée. Un vieux réflexe sûrement ou une mesure de propreté. Encore faudrait-il que je sois quelqu'un de propre. C'était donc très certainement un réflexe. Je tentai de me frayer un layon parmi les télécommandes et autres bazars trainant sur le sol. Tout ça pour arriver au canapé et m'y affaler quelques instants.Je ne savais pas encore ce que j'allais me mater comme film ce soir. Un thriller, bien évidemment, mais lequel? Je m'étais hissé jusqu'à la cuisine, -tout en restant sur le canapé- j'habite un studio minuscule, pour y choper un paquet de chips resté sur la table-étagère. Mon téléphone en main j'y jetai un oeil.
Rien d'intéressant.
Je décidai d'envoyer un message à la pouf de ce soir. Je ne l'appréciait pas et c'est toujours le cas mais je n'avais pas de film pour ma fin de soirée, plus d'ordi et la bande-son de GTA Vice-city en fond, ça motive à faire des choses complètement folles, comme de l'attirer dans mes appartements privés... Et pourris, oui, mais privés. Ça vibre, c'est drôle quand on se met le portable dans le cul, mais je n'ai pas vraiment d'humour alors ma main suffira. "Vu comment ça s'est passé je suis pas sûr que ce soit une bonne chose." disait-elle. Alors...Analyse, élaboration, mise en pratique. Analyse:Elle semble déçue, il y avait donc un espoir pour elle d'aller plus loin, ensuite, c'est une dominante, elle aime être en avant et prendre des décisions, pour finir elle reste calme donc elle ne m'en veut pas spécialement. Facile. Élaboration: Il me faut un truc pour le côté dominant et puis la flatterie c'est un classique, ensuite heu... pour le côté espoir inassouvi cette fois, et pour finir, le coup de grâce, le spécial, lui paraître attentionné, attentif et surtout lui laisser le choix, ne la forcer à rien et pour en rajouter, faire comme-ci c'était la dernière conversation. Mise en pratique: "C'est vrai, mais je pense que je suis passé à côté d'une fille super et j'm'en veux un peu. On avait un bon feeling et tu t'es confiée à moi, c'est bête de pas aller plus loin, j'aimerais en savoir plus sur toi. Si tu veux me laisser une chance tu sais où me trouver, saches que ça me ferait vraiment plaisir. Bisous, à bientôt peut-être." Voilà, en pratique ça nous donne ça.
Ca paraît nian nian, certes, cliché, oui, mais ça marche. Les femmes c'est comme...Les jeux dans les salles d'arcades, suffit d'avoir assez de jetons et on joue jusqu'à la fermeture. Les jetons c'est les techniques que nous ont transmis nos pères, nos frères, nos plus fins psychologues. Tout ça pour dire que j'allais passer une soirée sympa et que la vôtre, j'en ai pas grand chose à foutre.